Un week-end sous la neige

Samedi 31 janvier

Il a pas mal neigé cette nuit. Je pars faire le tour des Ayères.

A Plaine Joux les dameuses sont déjà passées sur la route qui part en direction de l'auberge du Chatelet: c'est bien damé jusqu'au parking où elles font demi tour. Au pied de la côte c'est la chenillette du gérant de l'auberge qui a pris le relais et a ouvert un "chemin" d'1 m de large environ. Après l'auberge, le terrain est vierge, il faut faire la trace. A chaque pas, les skis s'enfoncent, en deux temps: d'abord jusqu'à mi-mollet (la hauteur des chaussures), puis jusqu'au genou. Heureusement, je suis vite rattrapé et relayé. Je flane un peu et observe les traces dans la clairière du Gouet. Les nuages aussi me rattrapent.

Un peu avant les chalets du Souay, je photographie un chamois en train de grignoter le bout de quelques arbustes. Au-dessus du Souay, ce sont les bouquetins qui grattent la neige pour trouver à manger, alors que tombent les premiers flocons de la journée. J'observe aussi un bouvreuil pivoine qui picore sur les branches des vernes.

Bref, entre deux tempêtes de neige, tous les animaux essaient de manger un peu.


Dimanche 1er février

Hier, en descendant de Plaine Joux, j'ai réfléchi à un moyen de faire profiter Véronique et la Truffe de toute cette neige.

J'ai repensé à notre rencontre: c'était à Champagny (parking du Bois: 1460 m), il y a 6 ans, en février 2009. Véronique était en skis de fond, moi en skis de rando. Nous avions remonté les pistes de fond, puis, au Laisonnay d'en Bas (1580 m), sous la cascade du Py, nous avions continué "hors piste", sur le chemin carrossable. Nous avions traversé de vieux dépôts d'avalanche (de grosses boules de neige durcie) où Véronique se tordait les chevilles. Je lui avais fait faire deux ou trois conversions dans les premiers lacets sous la Louza. Nous étions monté jusqu'à 1780 m environ. La descente avait été épique: Véronique se laissait tomber sur le côté dès qu'elle prenait trop de vitesse. Elle était rentrée épuisée.

Depuis, j'ai découvert sur internet, une activité qui semble se développer: le ski de randonnée nordique. Nous avons rencontré Patrick et Sylvie qui nous ont parlé de leurs randonnées en Laponie avec Ilouliak et Taïga, et leurs pulkas. A une époque, j'avais cherché où louer des skis de randonnée nordique autour de chez nous. Et je me souviens qu'on pouvait en louer chez Ravanel, au magasin des Praz. De retour à l'appartement, un petit coup de fil pour confirmer, une douche, et nous voilà partis à Chamonix, pour louer une paire de skis de randonnée nordique à Véronique: par rapport aux skis de fond classiques, ce sont des skis plus courts, plus larges, avec des carres, et les chaussures sont plus rigides, notamment au niveau de la cheville (qui est bien maintenue latéralement).

Dimanche, 10h30, nous sommes à pied d'oeuvre, sur le parking de Plaine Joux. J'ai saucissonné les pattes de la Truffe avec une bande "de maintien" (qui sert pour les entorses), pour lui éviter de collectionner les boules de neige qui s'accrochent sur ses poils. Premier obstacle: les fixations de ces skis de randonnée nordique ne fonctionnent pas comme les fixations de ski de fond. Véronique fonce au magasin de location pour demander conseil ! En fait c'est facile, il y a un petit levier que nous n'avions pas vu !

C'est le départ. Il neige à gros patins (et il a neigé une bonne partie de la nuit). Au début c'est facile, ça descend. Nous arrivons au pied de la côte de l'auberge. C'est là que se trouve le passage le plus raide. Les semelles des skis de Véronique sont équipés d'écailles, au niveau des pieds. Mais seront-elles suffisantes pour l'empêcher de glisser en arrière ?? Le passage est court, et Véronique a encore bien la patate, elle grimpe !

A l'auberge, petit check-up, car c'est là qu'il faut décider si on part pour la grande boucle ou bien si l'on coupe à travers bois. Véronique a la banane, tout va bien, c'est parti pour la grande boucle par le Souay et les Ayères.

Visiblement, hier, pas mal de monde a emprunté le chemin, et la trace est très bonne, on enfonce pas beaucoup. Mais la "trace" est impressionnante: c'est une véritable tranchée dont la tête de la Truffe dépasse à peine !

150 m avant les chalets du Souay, Véronique commence à accuser le coup: la neige doit se coller sous les écailles, et elle glisse parfois en arrière, ce qui lui fait perdre de l'énergie. Au Souay, nous faisons une pause, à l'abri sous l'avant-toit d'un chalet: le long du mur, une petite bande de terre de 30 cm est restée protégée de la neige. Debouts sur cette bande de terre, le mur de neige arrive à hauteur de nos épaules ! Pendant que nous nous restaurons (thé chaud et petits gâteaux, et oreille de porc pour la Truffe), sur l'autre rive du torrent à 150 m en face de nous, dans la falaise, les goulottes se purgent régulièrement: le trop plein de neige coule, canalisé dans les goulottes, avec un bruit feutré mais impressionnant. Nous ne risquons rien mais je vois bien que Véronique n'est pas très rassurée.

Une fois le stock de gâteaux épuisé, nous repartons. Il ne reste que 60 m de D+ à gravir pour atteindre les chalets des Ayères mais le chemin est raide, il monte droit dans la pente. Je trace pour Véronique, une "tranchée-bis" qui slalome autour du chemin: cela rallonge un peu la distance, mais ça coupe la pente. Et nous ne sommes plus seuls: derrière nous, des gens nous rattrapent. Véronique est rassurée. Aux chalets des Ayères, il ne reste plus qu'à descendre (à deux ou trois petits faux-plats près !). Mais la Truffe commence à avoir des blocs de neige qui s'agglomèrent entre ses coussinets. Quatre pattes à nettoyer tous les 500 m ! Bon an mal an, nous finissons par rejoindre les pistes de ski. J'enlève les peaux de phoque, tandis que Véronique ... ne parle plus ! Je décèle dans ce silence, comme une marque d'inquiétude. Mais je suis serein, je sais que Véronique sait skier, elle s'en sortira, même avec le brouillard. La piste est bleue, la neige douce, tout le monde en chasse-neige (avec la Truffe dans les bras sur les 200 derniers mètres) et 15 minutes après nous sommes de retour au fourgon (aux environs de 15h15).

Comme il y a 6 ans, Véronique fut héroïque, et la Truffe (qui n'était pas née il y a 6 ans), a été super brave elle aussi. Les cadeaux de Noël 2015 sont tout trouvés:

skis et chaussettes truffées

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Commentaires: 2
  • #1

    Violaine (lundi, 16 février 2015 21:46)

    Et y a quoi dans la potion magique , hum ?

  • #2

    Nathalie (vendredi, 20 février 2015 08:47)

    Super votre rando ! J'avais la version de Véronique, maintenant j'ai la tienne !
    Bon, ça va, elles sont identiques !!! hihihi !

Je ne suis pas un photographe professionnel. J'ai un métier que j'exerce à temps complet. Je suis simplement un "photographe randonneur" passionné de montagne et de nature, la photographie est un loisir que je pratique pendant mon temps libre, en pur amateur. Photographier des animaux sauvages exige de passer beaucoup de temps sur le terrain.

 

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