Une déception ... et une belle surprise

En ce lundi de Pâques, je monte encore une fois en pleine nuit pour tenter de photographier la parade des tétras, sur un site où j'en avais observé un en décembre dernier. J'ai repéré quelques crottes et des plumes. Et j'en ai aperçu un, de manière assez furtive. En réalité je l'ai d'avantage entendu chuinter et roucouler, de l'autre côté d'une petite bosse. J'ai donc bon espoir.

Mais ce matin je rentre bredouille: je n'ai rien vu, rien entendu. Le mauvais temps de la semaine dernière et les 25 cm de neige fraîche y sont-ils pour quelque chose ? Suis-je mal placé ? Suis-je trop bruyant ou trop visible lorsque je m'installe sous un sapin à 5h du mat' ? C'est décidé: la prochaine fois, je monte en soirée et je bivouaque.

J'ai tout de même ramené quelques photos de paysage.


La prochaine fois c'est mercredi-jeudi (grève): je pars à 17h30, avec le gros sac, duvet et matelas gonflable, thermos d'eau chaude et dosettes de lait concentré sucré. 19h, 1700 m d'altitude, je tasse la neige molle pour faire une plateforme sous un sapin. Un parapentiste décolle et fait bruyamment partager sa joie de réussir à profiter un peu des derniers souffles d'un thermique. Juste derrière lui, deux gypaètes glissent en direction du col d'Enclave.

Puis la lumière et la température déclinent rapidement. Je gonfle le matelas, déplie le duvet, et hop au dodo.

Le lendemain, 6h20, je suis réveillé par les premiers chuintements et roucoulements. J'attrape les lunettes, enfile le gros bonnet sur le petit, les gants, sors l'appareil photo et passe les yeux au-dessus du petit muret de neige façonné hier soir. Rien. Le silence. Un coup d'oeil vers le bas, d'où un autre tétras montait parfois. Rien non plus. Il est tôt, il fait froid et sombre, je me laisse glisser dans le duvet. Vingt minutes passent. J'écoute le silence. Le sommet de la Pointe Percée se teinte de rose, le soleil chasse la pénombre. Il y aurait maintenant suffisamment de lumière pour faire de bonnes photos. Mais il ne se passe rien. A force de scruter les environs, je repère mon tétras, perché dans un bouleau, picorant des bourgeons. Visiblement il préfère manger que parader. Je me dis que la semaine précédente a du être bien rude pour eux. J'attends que le soleil éclaire véritablement la scène et prends quelques photos de loin. Je me recouche un moment, prends mon petit déjeuner au soleil, range le sac et commence à descendre avant que la neige ne devienne trop molle. Je prévois de faire une pause un peu plus bas et d'attendre un éventuel gypaète, ou l'aigle. Mais à peine ai-je descendu 50 mètres que je devine un mouvement sur ma gauche. Je tourne la tête et distingue une petite tâche marron sur la neige. Une hermine pointe la tête hors de son trou ! Elle court à une vitesse folle, mais sur un secteur assez réduit, elle semble rester toujours relativement près d'une série de trous dans la neige, reliés par des galeries. Sa vitesse et la hauteur de ses bonds peuvent la faire passer pour un oiseau qui volerait en rase-mottes ! Heureusement, de temps à autre elle s'arrête et se dresse sur ses pattes arrières pour observer les alentours.

Je l'avoue, pris par l'émotion je n'ai guère réfléchi et j'ai mitraillé à tout va, un peu n'importe comment, sans toujours prêter attention aux réglages (notamment à la focale que j'ai parfois raccourcie, en me déplaçant). Mais au bout d'un moment, j'ai cherché un bon emplacement en fonction du soleil et de l'arrière-plan et j'ai tout de même fini par réussir une ou deux photos correctes.

Il va sans dire que la matinée de samedi (et peut-être dimanche aussi) sera consacrée à tenter d'en sortir de vraiment belles.

 

Par contre, malheureusement, j'ai de très gros doutes quant aux possibilités de cohabitation entre des tétras en parade et une hermine en chasse. Pour les tétras, je devrai donc retourner à Chailloux. A moins que ... je trouve une autre place de chant (j'ai une petite idée, à vérifier).


ATTENTION AUX HEURES INDIQUÉES SUR LES PHOTOS: L'APPAREIL EST RESTÉ A L'HEURE D'HIVER !!

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