Les vacances c'est du sport !!!

Pour cette année 2015, j'ai monté un projet de randonnée en béton: 5 jours autour de la vallée de la Clarée par les lacs. Chaque soir on plante la tente au bord d'un lac. Ainsi le problème de l'alimentation en eau est résolu. Pour transporter la tente, les duvets et les matelas gonflables, en plus de la nourriture (lyophilisée) et des croquettes de la Truffe, j'ai fait l'acquisition d'un chariot de randonnée: le K-Rito, fabriqué en France (dans les Pyrénées): 5.2 kg, de construction assez robuste, et pas trop cher (environ 500 € + un sac Quechua à 30 €). De plus, chaque pièce est disponible séparément en SAV. J'ai longuement hésité entre ce chariot et deux autres modèles:

- Le très connu Carrix: fabriqué en Suisse, apparemment difficile à trouver (peu de distributeurs actuellement en France) et sans doute assez onéreux, peut-être aussi mieux adapté aux chemins de Compostelle qu'aux pierriers alpins. Aujourd'hui, au vu du traitement qui a été infligé au berceau du K-Rito, je pense que la bâche et le sac du Carrix n'auraient sûrement pas résisté aux nombreux frottements sur les rochers.

- Le Monowalker trailmate, qui me plaisait bien (sur l'écran) avec ses poignées et sa plateforme en bois, et son frein à disque pour ne pas se faire pousser dans les descentes raides. Mais lorsqu'on lui adjoint l'indispensable sac étanche Ortlieb, le poids et le prix deviennent rédhibitoires: 9 kg et 1000 € minimum !! J'ai failli le commander, mais le formulaire intégralement dans la langue de Goethe, et le prix, m'en ont dissuadé. Heureusement car à ce tarif, chaque éraflure sur le plateau en bois m'aurait fait sévèrement grincer des dents !

A noter qu'en septembre 2015 un nouveau modèle va devenir disponible: le Monowalker Fatmate: un véritable tank entièrement métallique de 8,5 kg (sans le sac étanche qui pèse 1,5 kg).

- Bien sûr j'ai aussi jeté un oeil au Sherpa-Trek, à Mon Mulet, et au Trekkady qui semblait intéressant et prometteur mais qui n'est resté qu'un prototype !

Voici les 5 étapes de l'itinéraire prévu:

 

1- Névache (1600 m) - Lac Noir (2390 m): soit 797 m de D+, pas de D-, et une distance de 5,500 km.


2- Lac Noir (2390 m) - Col du Vallon (2645 m) - Lac Lavoir (2281 m) - Lacs de la Grande Tempête (2447 m): soit 526 m de D+, 475 m de D- et une distance de 7,2 km.


3- Lacs de la Grande Tempête (2447 m) - Col des Muandes (2828 m) - Lac Rond (2446): soit 375 m de D+, 379 m de D- et une distance de 5,1 km. Ce sera une étape courte: de "repos" pour Véronique et la Truffe, et pour moi: l'occasion d'un rapide aller-retour au Mt Thabor (3178 m) depuis le col des Muandes.

Peut-être descendrons-nous jusqu'au Lac Long 50 m + bas si le Lac Rond n'est pas assez rond !


4- Lac Rond (2446 m) - Pont des Drayères (2167 m) - Lac de la Clarée - Lac du Grand Ban et Lac Rond (2460 m) - Col des Cerces (2574 m) - Lac des Cerces (2410 m): soit 418 m de D+, 441m de D- et une distance de 8,1 km.

Passage au refuge des Drayères pour se restaurer copieusement et refaire le plein.


5- Dernière étape: Lac des Cerces (2410 m) - Col de la Ponsonnière (2613 m) - Lacs des Crouserocs - Col des Béraudes (2780 m) - Lac des Béraudes (2504 m) - Parking du refuge de Laval (2030 m): soit 446 m de D+, 839 m de D- et une distance de 8,8 km.

Ceux qui aiment bien additionner les kilomètres et les dénivelés auront remarqué que ce tour presque complet de la vallée de la Clarée (puisqu'on part de Névache pour arriver au refuge de Laval) ne totalise que 34 km à peine (si l'on enlève les 300 m parcourus en aller-retour entre le sentier et le Lac Noir, et on peut raccourcir encore un peu en ne faisant pas le tour du lac du Grand Ban), et 2570 m de D+.

Ce qui ne représente que 7 km et 425 m de D+ supplémentaires, par rapport à la traversée du Buet effectuée fin septembre 2014.

Ajoutons que la première moitié du parcours est déjà repérée. Le ravitaillement en eau est assuré par les nombreux lacs et torrents. Il y a un refuge à mi-parcours pour le ravitaillement solide. Et il est possible de couper court à mi-chemin en cas de coup de bambou. J'appelle ça un "plan sans accroc". Je serais très surpris que la famille Soum ne soit pas volontaire pour effectuer ce circuit par une belle journée d'automne !


Evidemment, Véronique et moi avons aussi profité de notre (double) séjour à Névache pour répertorier toutes les bonnes adresses locales, surtout sur le plan culinaire:

- La boulangerie du Cristol cuit son pain au feu de bois, sert des petits-déjeuners fameux (avec notamment des croissants "frangipane - framboise"), vend des sandwichs maison (jambon cru - tome de chèvre - miel) et tout ce qu'il faut pour se lester l'estomac et le sac à dos.

- A 30 m de cette boulangerie, le gîte d'étape, auberge, restaurant Le Creux des Souches, sert des omelettes et plats "locaux" accompagnés de ce fameux pain cuit au feu de bois. Mais ce sont surtout les desserts qui nous ont mis la bave aux lèvres: soupe de quetsches cuites au vin et à l'orange avec boule de glace à la cannelle, tarte aux myrtilles vraiment maison, fondant au chocolat d'une onctuosité rare.

- A l'entrée de Névache (face au camping municipal), se trouve la pizzeria La Coccinella, tenue par Chiara et Roberto (Bardonecchia est à moins de 10 km à vol d'oiseau) sert bien sûr toutes les pizzas et pâtes classiques, mais aussi une "Focaccia Italia": la pâte est cuite seule (sans sauce tomate ni crème fraîche) puis elle est recouverte de tranches de mozzarella, de morceaux de tomates cerise et de quelques feuilles de basilic, avec un peu d'huile d'olive et quelques herbes, ce qui donne les couleurs du drapeau italien ! Véritablement excellentes et rafraîchissantes.


Ça c'est passé comme ça

Dimanche 19 juillet au matin, nous prenons la route, direction Névache. Au tunnel du Mt Blanc, le trafic est fluide. Nous passons Aoste, Turin, Bardonecchia. La petite route s'élève, dans une épingle à gauche, nous laissons à droite la route de la Vallée étroite. C'est la deuxième fois que nous empruntons cette route, et le décor est toujours aussi somptueux. Au sommet du Mauvais Pas, nous faisons une halte pour nous dégourdir jambes et pattes. A quelques pas de la route, je photographie un "ballet à huit ailes" dansé par deux apollons (Parnassius Apollo).

Milieu d'après-midi: visite de Névache: son église (avec un portail ouvragé en pin cembro de 1498), la tarte aux myrtilles du Creux des Souches, la fontaine d'eau potable où tout le monde vient remplir sa gourde (cyclistes et randonneurs), l'Office du Tourisme qui annonce une météo potentiellement humide ET un concert jeudi soir (une chanteuse accompagnée d'un clarinettiste et d'un contrebassiste). Véronique tente de négocier un rabais sur les cinq jours de randonnée, je botte en touche avec ma rhétorique préférée: "on part et on verra bien ensuite, on improvisera, il faut laisser une part d'incertitude dans l'aventure." Véronique adhère complètement. Quelques jours plus tard, au restaurant, nos oreilles capteront quelques bribes d'une discussion entre randonneurs qui étaient partis avec un accompagnateur et un mulet, et qui trouvaient que "c'était trop organisé, même quand il pleuvait, on leur distribuait des capes de pluie". Absolument d'accord: place à la débrouille, au système D, au triptyque "observation-réaction-adaptation". Les plats lyophilisés sont déjà salés, alors il faut bien laisser les imprévus mettre quelques grains de sel dans l'aventure. Au diable les "check-listes", les tours-opérators de la rando et la montagne aseptisée !

A propos des photos: nous avions deux appareils: le Nikon et le Panasonic. Le Nikon est à l'heure d'été, mais le Panasonic est resté à l'heure d'hiver. Il en résulte un décalage dans les heures indiquées !!

D'autre part, je n'ai pas voulu emporter le très gros et très lourd téléobjectif 50-500 mm, toutes les photos d'animaux ont donc été prises avec le "petit" bridge Panasonic (sauf quelques unes de la marmotte et de l'Apollon du Queyras, et d'un chamois de Plampinet prises avec le Nikon + 17-50 mm, f/2,8).

Lundi 20 juillet. Après un copieux petit-déjeuner, nous quittons le parking de Névache, chargés comme des mulets. Il est 10h et la chaleur est déjà accablante, nous avançons doucement mais sûrement. Je n'ai pas pris le temps de tester le chariot qui effectue donc ses premiers hectomètres sur la route de la vallée de la Clarée. Comment va-t-il se comporter sur les sentiers de montagne, dans les pierres ? Quels types de chemin allons-nous rencontrer ?? Je n'ai emporté aucun matériel permettant d'effectuer une réparation de fortune, ni fil de fer, ni pinces, ni chambre à air ou pompe en cas de crevaison. Dans la vidéo de présentation du K-Rito, on voit qu'on peut aussi le porter sur le dos. Outre le fait que cela ne me paraît pas très commode, je porte déjà un sac à dos (en plus du chariot que je tracte !). Il faudra donc que ça roule coûte que coûte !

Après quelques minutes à marcher sur le bord de la route, nous prenons à droite le petit sentier qui s'élève en direction des chalets du Serre. Dès le départ, il est raide, étroit et farci de pierres. Un bon test pour le K-Rito qui passe plutôt bien. Les virages en épingle sont parfois délicats à négocier: j'ai l'impression de manœuvrer un semi-remorque.

Le sentier longe le torrent du Vallon et nous en profitons pour faire boire régulièrement la Truffe et pour nous rafraîchir. Vers 1900 m je suis contraint de sortir la bombe de produit répulsif car je suis littéralement dévoré tout cru par les aoûtats qui piquent même à travers les chaussettes ! Hors de question de pique-niquer au milieu d'une faune aussi agressive. On continue.

Un peu plus haut se trouve la chapelle St Michel, joliment située. Il n'est pas encore 14h mais le ciel est déjà bien chargé. Je n'hésite pas longtemps: on se pose là. En cas d'averse, ou d'orage, nous serons à l'abri, bien mieux que sous la tente. Et nous pourrons profiter de l'après midi pour récupérer de nos efforts et faire un brin de toilette.

L'étape prévue au départ se trouve ainsi raccourcie de 265 m de D+. Mais en contrepartie celle de demain sera rallongée de 200 m de D+.

Mardi 21 juillet. Réveil, petit déjeuner, rangement des duvets, pas de pliage de tente ! Et c'est reparti. Le chemin jusqu'au col du Vallon est interminable. Mais nous arrivons au col avant midi ! Nous grignotons quelques biscuits et avalons un petit tube de lait concentré sucré.

J'observe une grosse pierre plantée verticalement et recouverte de lichen. C'est une borne, vestige d'une époque ancienne. Du côté sud est gravée une fleur de lys, au nord c'est une croix de Savoie !

Vient l'heure d'entamer la descente. Nous plongeons dans l'austère versant Nord, entre les cirques du Rocher Blanc et de la Pointe de l'Enfourant. Les 150 premiers mètres déroulent un sentier parfait, une vraie moquette que je prends plaisir à dévaler. Hélas la suite est beaucoup plus chaotique. L'enfer côtoie le paradis ! La sente louvoie dans un beau pierrier de gros blocs. Le K-Rito va souffrir ! En particulier, les deux porte-bouteilles ne s'en remettront pas ! La fourche qui relie la roue à la poutre sera un peu tordue. Mais ça passe tout de même. Pas de casse, pas de crevaison, ouf !

Au Prat du Plan, pause taboulé les pieds dans le torrent. Mon super parapluie permet de faire un peu d'ombre pour la Truffe.

Mais il nous faut encore rejoindre l'un des lacs de la Grande Tempête. Nous contournons le lac du Lavoir où un groupe semble vouloir s'installer. Puis nous grimpons une pente mi-herbeuse, mi-caillouteuse, hors sentier. Ça devient dur pour Véronique qui sent venir la crampe. Nous passons à côté de ce qui ressemble à un obus éclaté ! Au sommet de la première bosse, nous découvrons, non pas le lac, mais la deuxième bosse ! Un dernier effort, et nous y sommes. Je fais le tour du lac pour repérer le meilleur emplacement possible, et je repère une petite hermine. Mais je n'ai pas l'appareil photo avec moi !! Le ciel s'est couvert, Véronique se lave tandis que je monte la tente. J'utilise toutes les sardines pour arrimer la tente au maximum, y compris en fixant les cordelettes que je n'avais encore jamais utilisées. Je donne ses croquettes à la Truffe et jette à la va-vite les sacs à dos dans la tente, tandis que crépitent les premières gouttes de pluie. Véronique arrive, toute pimpante !

Quelques minutes plus tard, la pluie forcit et les premiers roulements de tambour se font entendre, relativement lointains. Pour l'instant, pas d'inquiétude, l'orage peut encore passer à côté. Par soucis de sécurité, mais aussi pour se rassurer, Véronique téléphone à Olivier, afin d'être fixée sur la conduite à tenir. La question qui la tourmente est celle-ci: sous l'orage, sommes-nous en sécurité dans la tente ? Olivier confirme ma crainte: la réponse est non. Si l'orage se rapproche il faudra prendre la bâche et aller se rouler en boule dans la bâche imperméable, à 50-60 m de la tente, sans oublier la Truffe bien sûr. Moi qui déteste être mouillé, je sens la douche s'approcher à grands pas ! Un éclair claque, ni bien loin, ni vraiment à côté. Véronique a enfilé ses chaussures, elle est prête à bondir au dehors. J'attends un second éclair pour savoir si ça se rapproche ou si ça s'éloigne, mais le feu d'artifice tarde à venir, et la pluie semble se calmer. Ça gronde, ça roule, ça tourne autour. Visiblement l'orage s'est déchaîné sur le Rocher de la Grande Tempête à 3002 m, et sur la ligne de crête de part et d'autre, qui ne descend pas sous 2800 m. A 2450 m, nous avons été épargnés.

Après une rapide discussion, la décision est prise: demain on rentre à Névache ! On peut donc se lâcher sur les sachets lyophilisés: ce soir ce sera soupe de légumes + aligot + yaourt ! De quoi ronfler paisiblement toute la nuit (on dort mieux avec l'estomac bien calé) !

En montant le son on entend la pluie qui crépite sur la tente.

Mercredi 22 juillet. Je me lève assez tôt, mais pas suffisamment pour photographier le lever du soleil. J'ai vu que l'office de tourisme de Névache organise un concours photo sur deux thèmes: les lacs et sommets de la commune, et la faune de nos montagnes. Ne connaissant pas assez le massif pour espérer réussir de belles photos d'animaux (d'autant plus impossible avec la Truffe), et ne voulant ni porter un téléobjectif qui pèse près de 2kg ni devoir changer d'objectif sur le terrain, j'ai décidé de tout miser sur les lacs et sommets en prenant mon objectif 17-50 mm f/2.8, + trépied, télécommande et filtre "obscurcissant". J'ai tout de même le bridge Panasonic qui permet de zoomer fortement, au cas où une occasion se présenterait !

Bref, à peine sorti de la tente, je fais le tour des lacs du secteur, appareil au poing, avant de rejoindre Véronique pour préparer le petit déjeuner. Il faut ensuite plier les duvets, matelas, tente, et tout remettre dans les sacs. Heureusement, au fil des jours, le volume de nourriture diminue et la place disponible augmente ! Aux environs de 9h45, nous sommes prêts.

Dès le départ, nous sommes confrontés à LA difficulté du parcours: nous sommes encerclés par un tas de gros blocs, un véritable éboulis. Le sentier n'est pas loin derrière mais pour l'atteindre, il faut faire passer le K-Rito sur tous ces rochers. Il va me falloir pas mal de pêche et d'agilité. Je décide donc de commencer par aller déposer mon sac à dos de l'autre côté de l'éboulis. Puis je reviens chercher le chariot. Et là, surprise, ça passe pas mal du tout ! J'avais eu un peu peur d'être obligé de le porter. Mais en fin de compte, un pas après l'autre, j'ai pu franchir les rochers sans trop de peine et sans massacrer le chariot !

Ensuite, ça déroule ! Nous récupérons le sentier, puis le GR57, une véritable autoroute. Un peu avant le col des Muandes (2828 m), le sentier se redresse tout de même violemment et zigzague dans un décor complètement minéral, mais là encore le K-Rito franchit l'obstacle, non sans mal certes, ni sans y laisser quelques bosses (les 2 portes-bouteilles seront cette fois inutilisables car je n'arriverai pas à détordre à la main la petite barre métallique chargée d'empêcher la bouteille de tomber, je verrai cela à la maison, avec une pince !). Véronique et la Truffe tirent un peu la langue, mais elles s'en sortent très honorablement.

Au col, nous ne resterons que quelques minutes car de gros nuages gris commencent déjà à obscurcir le ciel, alors qu'il n'est que 12h15 ! A peine avons-nous entamé la descente que je dois dégainer mon parapluie ! Heureusement l'averse ne dure pas. Nous passons devant le lac des Muandes et à 14h nous arrivons au lac Rond, où j'avais au départ prévu de planter la tente. Mais le ciel est tellement gris que nous ne nous y arrêtons même pas. On fonce ! D'autres randonneurs nous doublent, visiblement tout le monde descend ! Parfois, on entend gronder derrière la crête. On essuie quelques gouttes, mais rien de méchant.

Sous 2400 m, le sentier entre dans la petite gorge du torrent de Brune et devient très chaotique, avec des rochers formant des grosses marches. Le chariot est baloté dans tous les sens, d'autant que je ne le ménage pas, je marche d'un bon pas, même si régulièrement je dois attendre mes Miss !

A 2250 m, le sentier plonge droit dans une pente raide au sommet de laquelle Véronique doit m'aider à passer un très gros rocher (de la taille d'un frigo). Arrivé en bas de la pente, je me retourne et vois que Véronique est toujours en haut. Elle n'a presque pas bougé. Elle est en difficulté car la Truffe veut me rejoindre et tire sur sa laisse, entraînant sa maîtresse (qui voudrait descendre doucement) dans la pente. Je pose tout et remonte chercher la Truffe.

Nous sommes maintenant au "Pont de Pierre" à 2167 m d'altitude, à 50 m du refuge des Drayères. Le ciel s'est dégagé, il fait beau. Les pieds de Véronique ont chauffé. Une pause s'impose (et une tarte aux myrtilles aussi !).

Ensuite, il ne nous reste plus que 2 ou 3 km de grande piste carrossable pour descendre au parking à 2030 m, où nous prendrons une navette qui nous ramènera à Névache.

A propos des photos: les 3 photos de "lacs et sommets" que je présente au concours ne sont pas dans ce diaporama. Vous les verrez plus tard, après le concours (délibérations du jury: entre le 18 et le 27 septembre).

Jeudi 23 juillet. Jour de "repos" à Névache: lessive, un peu de clarinette au bord de la Clarée pour Véronique. Puis l'après-midi, nous partons à Plampinet (à 3 km de Névache). Je remonte la rive gauche de la Clarée pour tenter de trouver un joli coin pour faire des photos de la rivière en pose lente. Le sentier se faufile entre les pins, au pied d'une falaise et d'un éboulis. Cela ne fait pas encore 15 minutes que je suis sorti du village quand j'entends un sifflet que je connais bien. Je n'en crois pas mes oreilles. Le village est à 10 minutes de marche, la route est à 50 m, de l'autre côté de la Clarée. Je lève les yeux et vois un chamois traverser le pierrier tranquillement, à 50 m de moi. Je n'ai pas le Panasonic. Je n'ai "que" le Nikon avec un objectif 17-50 mm (équivalent à 26-75 mm en plein format). Le chamois me semble paisible, pas farouche. Je tente le coup. Il s'est arrêté dans une zone de grandes herbes. Peinard, il broute. Je m'approche très lentement, attentif à ne pas faire rouler les pierres. J'avance de 50 cm à chaque pas, et j'attends 10 à 15 secondes entre chaque pas.

Les photos sont très fortement recadrées: 3750 x 2500 alors qu'elles sortent de la carte mémoire en 6000 x 4000 pixels. De la même manière que pour les lacs, j'ai mis la meilleure de côté, pour le concours sur le thème de la faune.

Le soir: concert apéritif sur la pelouse de l'Aréa (un resto' café où les plats sont de "fabrication artisanale" et où l'on peut composer soit-même sa pizza, salade, omelette, panini, sandwich, ou demi-pizza, en choisissant parmi 25 ingrédients dont la tome d'Izoard, du bleu de brebis, du miel ...).

Vendredi 24 juillet. Journée de transition. Nous quittons Névache. Passage au Pré de Mme Carle, mais le camping d'Ailefroide ne nous plaît pas. Nous retournons dîner à Briançon. Et nous passons une nuit en altitude, au col de Granon, à 2400 m.

Au Pré de Madame Carle: une des cascades du Pelvoux
Au Pré de Madame Carle: une des cascades du Pelvoux

Samedi 25 juillet. On change de coin. Cap sur le Queyras. Par l'Izoard. Col hors catégorie à 2360 m. Au sommet, parmi les motards, les cyclistes, les vacanciers divers et de toutes nationalités, dans la terre du bas-côté encore mouillée de la pluie de la nuit, je remarque une belle empreinte de chamois, parfaitement nette. Ici comme ailleurs, lorsque les derniers touristes ont rejoint la vallée, une autre vie commence dans la montagne. Un col, fut-ce l'Izoard, est un lieu de passage, aussi pour les animaux.

Nous descendons de l'autre côté sur la vallée du Guil. Un arrêt à Château-Queyras pour constater que le fort (du XIIIème siècle puis re-fortifié par Vauban) est fermé le samedi. Tant pis, nous le visiterons au retour.

Nous continuons sur Molines-en Queyras où je décide de monter jusqu'au col Agnel (2744 m, frontière avec l'Italie).Nous traversons les hameaux de Pierre Grosse et de Fontgillarde, situés à 1900 m et 2000 m d'altitude. Dans le fourgon, les avis sont unanimes: cette vallée est splendide: forêt de mélèzes, prairies, chalets jolis sans être tape-à-l'œil. Je suis emballé, et Véronique est sous le charme. La Truffe ronfle. Je gare notre "chambre roulante" dans un virage 100 m sous le col et part faire quelques photos tandis que Véronique s'octroie une petite sieste à côté de la Truffe. A la descente, d'un commun accord, nous passons à l'office de tourisme afin de nous enquérir des différentes possibilités d'hébergement. Je récupère aussi quelques brochures du Parc Naturel Régional qui confirment que le secteur est bien pourvu en chamois, tétras, lagopèdes, aigles ... C'est décidé: en 2016, on se loue un studio dans le secteur. En attendant, ce soir nous dormirons au camping de Pierre Grosse, au bord du torrent (dans lequel il est formellement interdit de construire des barrages !). Avant le dîner, nous passons la fin de l'après-midi à St Véran (plus haute commune de France et d'Europe: 2050 m). St Véran: ses chalets traditionnels avec la grange en fustes de mélèze, ses toits en bardeaux de mélèze, son coutelier, sa galerie photo ("The Gallery") de Duncan Mac Arthur, un écossais né à Perth et installé à Château-Ville-Vieille, l'homme qui a photographié le loup ! Et pour Véronique, sa bijouterie Serpentine ! Heureusement qu'il y a un distributeur de billets à la poste de St Véran, car tous les commerçants ne sont pas équipés en terminal CB. A noter aussi, à St Véran: le musée du Soum !

Dimanche 26 juillet. Petit déjeuner pantagruélique à la boulangerie de Pierre Grosse: pour 11,80 € (soit 5,90 € / personne), on nous sert 2 baguettes fameuses, 2 ramequins remplis à ras bord d'une vraie confiture bien épaisse (la cuillère y tient debout), du beurre, et boisson à volonté (thé, café, lait, chocolat). Lorsque nous partons, la serveuse veille à ce que nous emportions bien le pain que nous n'avons pas pu manger (oui, même Véronique n'a pas mangé tout son pain !). A ce régime, le repas de midi s'avère superflu. Nous lui préférerons un petit "4 heures" à la buvette située sur le bord de la route, avec des chaises longues dans un carré de pelouse, à hauteur du Pont de Lariane. Après ce petit déjeuner, je laisse Véronique qui déballe sa clarinette au bord du chemin, et m'en vais sur ce même chemin qui longe le torrent et la route, voir un peu ce qui se passe dans cette montagne queyrassine. N'exagérons rien: je suis équipé d'un bermuda en coton, je n'ai pas de sac à dos, et je traîne le trépied pour réaliser des poses longues au bord du torrent. Je n'irai donc pas bien loin. Malgré cela, au bout de 15 à 20 minutes de marche, alors que je traverse mon premier petit bout de mélezin, je sens que "ça bouge" sur ma gauche: ce sont deux petites chevrettes dont la tête dépasse à peine des hautes herbes. La première (la plus lointaine) m'a vu et me regarde, mais la deuxième (la plus près de moi) me tourne le dos. Tout doucement je saisis l'appareil photo mais au moment où j'ôte le bouchon d'objectif, elle se retourne et s'enfuit. Tout de même, je ne m'attendais pas à une si jolie surprise, à 10h du matin, au bord du sentier et à 100 m de la route empruntée par de nombreux motards. Pendant la matinée, j'apercevrai aussi l'aigle et de nombreuses marmottes, dont certaines téméraires traversent la route sans aucune hésitation. Je trouverai aussi deux edelweiss, trois mètres en contrebas de la route, alors qu'en cinq ans en Hte Savoie je n'en ai pas vu une seule !

Lundi 27 juillet. Nous quittons le Queyras pour descendre un peu plus au sud et un poil plus à l'ouest. Nous visitons Fort Queyras puis franchissons le col de Vars pour descendre sur Barcelonnette. Petit tour à l'office de tourisme et coup d'œil aux deux campings à proximité immédiate: situés au bord de la départementale et tout près de la ville, ils semblent bondés et "trop grands" pour nous qui sommes habitués aux campings de Névache et de Pierre Grosse où, si l'on arrive en dehors des horaires de permanence, on s'installe et on régularise la situation le lendemain. Bref, nous ne sommes pas emballés. Ça tombe bien, j'ai un plan B qui sera sans doute très correct. D'abord, dîner. Nous attendons 19h en flânant dans la rue piétonne de Barcelonnette puis nous jetons notre dévolu sur un restaurant "avec jardin" afin de nous extraire du brouhaha de la foule: Le Patio où nous avons très bien mangé, au calme. Et nous reprenons la route. Evidemment, c'est une route qui monte, avec des virages. Et nous arrivons au col d'Allos, 2248 m. Nous sommes seuls sur le petit parking de terre. Il doit être presque 21h, le soleil prépare son lit. Je fais une petite promenade avec Miss Truffe, le nez au vent, les yeux naviguant de crêtes en sommets. Dans le ciel qui rosit, une silhouette décrit des cercles au-dessus de l'arête du Signal. Je gesticule et hurle en direction de Véronique qui s'affaire autour du fourgon. C'est un aigle qui profite des dernières ascendances. C'est notre 9ème nuit d'affilée en altitude, à plus de 1500 m, dont 4 à plus de 2000 m. Nous dormons comme des loirs.

Le lendemain, mardi 28 juillet, nous prenons le petit déjeuner à la terrasse du refuge du col d'Allos: soleil, tartines et chocolat, montagne, ça c'est les vacances. Un super plan B ! Nous reprenons la route, traversons la station de la Foux d'Allos et quittons les Alpes. Prochaine étape: le Lubéron où nous retrouvons Seb, Delphine et Paul et Noé.

Fin juillet - début août: repas entre amis, puis en famille. Balades en bord de mer, à partir du port de Carro, une baignade (courte à cause de la fraîcheur de l'eau). Visites de l'abbaye de Sénanque et des Bories près de Gordes, avec la famille Soum, puis visite en famille du musée d'Arles antique (grosse émotion face à la "barque" dégagée du fond du Rhône en 2011, en fait un chaland de 31 m de long capable de transporter un chargement de 30 tonnes !).

Lundi 03 août. La météo annonce des températures infernales au bord de la méditerranée, et la mer est froide (même si sur la côte Narbonnaise elle est sûrement plus chaude !). Aussi, d'un commun accord, nous décidons de retourner en montagne. Je suis curieux d'explorer un peu les autres vallées et villages du Queyras. Ça tombe bien, ce soir les Anches Hantées (un quatuor de clarinettes) donnent un concert en l'église St Sébastien de Ceillac.

Mercredi 04 août. Pour le petit déjeuner, on a pris la bonne habitude de se régaler en boulangerie. Celle de Ceillac est tout aussi excellente que celles de Névache et Pierre Grosse (après un deuxième passage dans l'après-midi, Véronique recommande la glace au mélèze !). Puis je profite de la matinée pour me promener dans les hautes herbes du vallon du Cristillan, pendant que Véronique souffle dans sa clarinette sous les mélèzes du parking. Là encore, le cadre est enchanteur. Photos de marmotte, papillon (Parnassius Apollo) et Miss Truffe, au 17-50 mm.

Puis nous prenons la route pour retourner à Névache (1h30 de route).

Mercredi 05 août. Petit déjeuner à la boulangerie du Cristol, avec le chocolat servi dans un bol en bois ! Puis nous prenons la navette pour monter au parking de Laval à 2030 m. Nous allons planter la tente au bord du lac Long à 2400 m. C'est une petite balade facile et familiale. Il y a foule. Mais beaucoup de gens poursuivent jusqu'au lac Rond et descendent ensuite sur le refuge des Drayères pour décrire une boucle.

Vers 16h30 je commence à chercher un emplacement plat pour monter la tente. Mais je suis intrigué par le manège d'un traquet motteux qui piaille tout en faisant des vols stationnaires à un mètre au-dessus du sol. Nous sommes dans une pelouse semée de rochers de toutes tailles. Je m'approche et surprise, une hermine court et bondit de pierre en pierre. Cette fois-ci pas d'orage en vue, j'ai tout mon temps. Je prends mon vieux Panasonic et m'installe sur un rocher, à quelque distance.

Le soir, alors que je suis debout au bord du lac pour tenter une pose longue du coucher de soleil (très décevant à cause des nuages), je la revois qui court dans ma direction. Il fait sombre, il est totalement illusoire et inutile de tenter une photo. Je décide de ne pas bouger du tout et la suit seulement des yeux. Elle s'approche jusqu'à deux mètres de moi, et c'est là qu'elle croise mon regard. Les yeux dans les yeux avec une hermine, pendant une ou deux secondes. Elle décrit alors un demi-cercle pour me contourner, et continue son chemin.

Jeudi 6 août. Voilà. Dernier réveil sous la tente. Il n'y a personne ... sauf l'hermine qui rôde toujours autour des rochers. On plie, on range ... on descend. Navette. Névache. Douche au camping. Le soir: pizza à La Coccinella.

Vendredi 7 août. La route du retour. Mais pas trop vite: on fait d'abord un arrêt de l'autre côté du col de l'Echelle, au refuge I Re Magi, à l'entrée de la Vallée Étroite dominée par les Rois Mages (les Pointes Balthazar 3153 m, Melchior 2948 m et Gaspard 2808 m), pour y voir les photos de Paolo Marre.

Arrivée à Passy sous une chaleur étouffante. On dépose trois sacs, on ouvre les fenêtres et on repart: on monte aux Contamines, pour un dernier dîner "de vacances" à la crêperie et pour voir le dernier film des Lapied: Le Clan des Renards, projeté sur grand écran au parking de la télécabine de la Gorge, et puis ... on a pas le courage de descendre ce soir. On dort au parking de Notre Dame de la Gorge.

FIN - AMAIERAN - FINAL - DEIREADH - ANTA - KONIEC


Écrire commentaire

Commentaires: 0

Je ne suis pas un photographe professionnel. J'ai un métier que j'exerce à temps complet. Je suis simplement un "photographe randonneur" passionné de montagne et de nature, la photographie est un loisir que je pratique pendant mon temps libre, en pur amateur. Photographier des animaux sauvages exige de passer beaucoup de temps sur le terrain.

 

Néanmoins je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et à vos demandes aussi rapidement que je le pourrai. N'hésitez pas à me contacter:

 

lemonde.denhaut@mail.fr

Les photos et les textes présentés sur ce site ne sont pas libres de droit. Leur reproduction sans autorisation écrite de leur auteur est interdite, quel que soit le support. Merci de respecter la passion de l'auteur, le temps passé sur le terrain, les heures de marche, le temps passé devant l'écran et l'investissement dans le matériel.