Les arbres ont laissé choir leurs manteaux chatoyants; ils offrent leurs branches aux bourrasques de foehn qui font valser dans l'azur les premiers flocons. Les couleurs s'estompent, les cerfs broutent en silence, le froid tombe sur les pentes et les combes. L'automne se retire, place à l'hiver, place au "cornu".
Bon, ces quatre lignes m'ont épuisé, je vais emprunter la suite à Samivel. Même si je ne partage pas complètement le caractère jusqu'au-boutiste de certains de ses propos, j'adhère totalement à ces deux phrases:
"Pour l'homme ou le poisson, le cerf ou bien l'oiseau, tout ce qui vit sur terre, en l'air ou sous les eaux, manger, aimer, penser ... dépend souvent d'un mot, et ce mot là, c'est "territoire"." (extrait de La Dame du Puits).
D'une part, cette notion de territoire saute aux yeux véritablement, lorsqu'on observe les chamois en cette saison: ils parcourent les pentes pour marquer chaque arbuste, chaque buisson, ou pour les renifler longuement, ils se postent en hauteur sur les crêtes afin de surveiller tout ce qui se passe "chez eux".
Et puis c'est aussi un beau sujet de réflexion, à l'heure de la mondialisation, des bouleversements climatiques et des chamboulements géo-politico-économiques qui génèrent des déplacements de populations (Venezuela, Syrie, Brexit, plombier polonais, incendies en Californie, ouragans sur la côte Est des E-U ...) ... Vous avez quatre heures, thèse - anti-thèse - synthèse, je ramasse les copies !!!
La deuxième citation ... c'est LA phrase lumineuse, celle qui traduit et résume parfaitement toute la poésie de la montagne, toutes les émotions nées de mes lectures de jeunesse et de mes randonnées (surtout à l'automne et en hiver):
"Le trésor caché au fond des solitudes, c'est la mesure simultanée d'une insignifiance et d'une grandeur". (Extrait de Le Fou d'Edenberg).
Bon, j'espère que certaines des images qui suivent dévoilent un petit bout de ce trésor caché (même la deuxième photo sur laquelle vous ne verrez rien d'autre qu'un simple ballon rouge qui transporte une carte par delà les cols et les montagnes, poussé par le foehn).
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