Drôle de titre ! Titre pas drôle en vérité.
J'aurais pu écrire "Buffet froid" mais c'est déjà pris !
Voici une série de photos que j'ai prises entre début décembre et presque mi-janvier. C'est une histoire de plumes, ce sont elles qui jouent le rôle principal.
À la manière d'une diva capricieuse, elles se font d'abord attendre et se font remarquer par leur absence. Tout est prêt, le décor est planté, les falaises, la mer
de nuages, les cristaux de neige qui scintillent dans la douce lumière du début de l'hiver. Cette époque de l'année correspond aux parades nuptiales des gypaètes barbus, c'est la période où l'on
peut observer des vols synchrones, d'éventuels prises de serres en "vol retourné" ... Hé bien non, pas ce jour là ! Les gypaètes de Magland ont-ils eu vent de la réforme des retraites ? Ont-ils
leur carte à la CGT ?? Sont-ils grévistes ??
Faute de gypaètes, je me suis contenté d'un petit bout de croix qui dépassait de la neige, du décor, et de quelques randonneurs à skis.
Le jour de Noël, j'attendais mon cadeau, sous un sapin. Même si j'ai plus de 7 fois 7 ans, je pensais qu'un gypaète barbu pourrait tenir le rôle du Père Noël. Plus sérieusement, j'avais déjà vu passer des aigles royaux à cet endroit et la semaine précédente c'est un casse-noix moucheté qui était venu me narguer alors que je n'avais aucun matériel photo. Las ! Cette fois, j'ai dû me contenter d'une mésange !
Ensuite, j'intercale un intermède, un entracte, c'est la caméra automatique qui a photographié un couple de renard (à 7h17 donc trop tôt pour espérer faire une photo "normale" car il fait encore nuit: l'un se roule sur le sol (un peu comme La Truffe lorsqu'elle se roule sur une crotte): marque-t-il son odeur sur la neige ? ou bien se roule-t-il sur une crotte de chevreuil ?? Ensuite le deuxième renard apparaît.
Arrive enfin celui qui possède tout l'équipement du meurtrier: serres puissantes, et bec acéré. Je l'ai loupé lorsqu'il volait en-dessous de ma position, il faut donc se satisfaire d'images très classiques et banales de l'aigle royal sur fond de ciel d'abord voilé puis bleu (j'ai bien atténué les couleurs, volontairement). Une photo de paysage pour situer le cadre de l'action et donner une idée de l'ambiance. Et pour finir, je n'ai pas photographié les scènes de crime. "Les" scènes de crime car il y en avait deux, à 100 m de distance (à vol d'oiseau).
La première semblait récente, la victime avait visiblement été plumée sur place car il y avait une grande quantité de plumes éparpillées sur un rayon de 3 ou 4 mètres. Plumes de toutes tailles, avec le petit duvet "hivernal" à la base. Une véritable tenue de Dalton évadé du pénitencier: des rayures jaunes et noires. La victime était probablement un faucon crécerelle, d'autant plus que j'en ai vu dans le secteur, en été.
La deuxième scène de crime avait disparu. Ne restaient que quelques plumes dispersés sur la neige poudreuse du versant nord. Et quelles plumes ! Des plumes de roi ! Et pas n'importe lesquelles, pas les petites plumes du poitrail qu'ils s'arrachent lors des parades printanières et qu'on retrouve sur les places de chant. Les plumes qui gisaient sur cette neige trop sèche pour geler, étaient celles de la queue: les grandes belles plumes en forme de lyre avec des reflets bleutés.
Ce tétras est-il mort simplement de vieillesse ? affaiblit par le froid et / ou par des parasites et / ou par des dérangements trop fréquents ? Ou bien a-t-il été repéré et tué par l'aigle ?
Dans les deux cas, une chose est absolument certaine: tout avait été boulotté, tout sauf les plumes !
J'ai redescendu ces plumes, entre ma polaire et ma veste (pas dans les poches pour éviter qu'elle s'abîment), et j'ai fabriqué un petit tableau avec des feuilles de papier blanc.
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