Le Monde d'en Haut passe en mode paysage

J'en rêvais depuis longtemps.

De nouvelles pages vont s'écrire.
J'ai changé de crèmerie: Adieu Nikon, le gros boîtier, son capteur plein format et ses optiques énormes, hors de prix, lourdes et volumineuses.

Bonjour Fujifilm: boîtier XT-4, capteur APS-C plus petit, des optiques moins onéreuses, plus compactes, et plus légères. L'univers Fuji c'est aussi un logiciel de traitement des images dédié à la marque, plus complet, plus riche, que je dois apprendre à maîtriser.

Me voilà donc équipé de nouveaux outils pour courir la montagne, l'appréhender, la révéler, capter ses nuances de lumières, en donner ma lecture. Je pèse mes mots et c'est bien le terme de 'lecture' que je souhaite employer, et non pas 'vision'. Ce pourrait être un sujet de dissertation; mais je vais faire court: oui, une image se lit (tout comme la neige se lit). Oui, l'écriture et la lecture apportent de la profondeur, du relief, des nuances, là où la vision reste désespérément superficielle, plate, et sans saveur. La montagne est un monde éminemment sensuel: on peut avoir tout en même temps le visage brûlé par le soleil et fouetté par le vent, les pieds ou les mains gelés par la neige et quelques pas plus loin, se trouver à l'abri à la fois du vent et du soleil et les pieds au sec. En montagne le terrain plat est rare, les contrastes sont partout.

Ce nouvel outil photographique est donc le Fujifilm XT-4, équipé pour l'instant d'une focale fixe de 35 mm (équivalent à un 53 mm en plein format), ouverture max à f/2. Le tout résistant aux projections d'eau et à la poussière. La grande ouverture à f/2 et le capteur stabilisé permettent de faire de belles photos à main levée, en pleine pénombre. À moi les tempêtes de neige, les aubes et les crépuscules ! 820 grammes sur la balance: il ne quittera pas le sac de ski. Il devrait même tenir dans le sac de trail !

Les images arrivent, un peu de patience ! Et beaucoup d'indulgence aussi  s'il vous plaît, car je suis en phase de découverte et d'apprentissage avec ces nouveaux jouets. F/2, ça permet de faire entrer énormément de lumière, (trop parfois, il faut penser à beaucoup augmenter la vitesse), MAIS ça réduit considérablement la profondeur de champ, la zone de netteté est "toutirikiki" !
Le logiciel Capture One est une mine d'or: j'ai découvert deux fonctions absolument géniales:

1- il permet de d'atténuer énormément des teintes beaucoup trop chaudes sur les photos prises en plein soleil de midi !

2- j'ai expérimenté une combinaison de deux paramètres complètement dingue, qui permet d'accentuer la netteté ET EN MÊME TEMPS d'apporter une touche de douceur sur ces contours taillés au rasoir ! (les anglo-saxons disent "razor-sharp" !) Sur les épicéas enneigés ça fonctionne du tonnerre du diable !

1- Balade sous la neige le 14 mars. Ce n'était pas la tempête du siècle, mais il tombait encore quelques petits flocons. Une jolie ambiance aux chalets d'Armancette, puis dans la forêt et au-dessus. Au col, la face Sud de Bionnassay est restée cachée dans les nuages. C'est à peine si j'ai pu entrevoir le col de Tricot !

2-  18 mars: il a encore neigé. La couche de neige fraîche atteint les 70 cm à 2000 m. Je retourne à Armancette, j'adore cet endroit. On peut y venir sans risque après une grosse chute de neige: la pente ne dépasse pas les 30°.  Cette fois le soleil fait une apparition et le paysage se dévoile: Bionnassay, les couloirs Nord de Chaborgne. J'ai tenté "d'étoiler" le soleil entre les Dômes de Miage et Bérangère mais sans réussite. Ce n'est que partie remise. Le ski dans la forêt fut génial: presque tout droit entre les arbres, avant de remettre les peaux pour remonter.  Du ski fantastique dans une ambiance féérique.

3-  20 mars: Traversée des Trois cols: Fenêtre, Cicle, Chasseurs.
Je n'étais encore jamais allé au col des Chasseurs. Et chaque fois que je montais au col de la Fenêtre, cette grande et belle combe plein Nord me faisait de l'œil. Ce matin là, 9h32: premiers regards et première photo: la combe des chasseurs, à l'ombre, est déjà tracée, mais pas trop: il y a encore de la place. Du col de la Fenêtre, première descente Nord, très courte: qualité de neige fabuleuse. Je re-peaute, direction col de la Cicle, en coupant par le petit couloir qui se remonte intégralement skis au pied. Quelques photos du panorama. Au col, une bonne dizaine de skieurs sont groupés sur la gauche. Pas d'hésitation: je file à droite, déchausse, glisse les skis sur le sac et zou, c'est parti pour la traversée. Environ 1km le long d'une arête esthétique et photogénique à souhait. Après la courte ascension pédestre, à l'endroit où l'on rechausse les skis, une petite niverolle passe de skieur en skieur, quémandant un bout de beaufort ou de tome ! 35 mm ce n'est pas la focale idéale pour photographier une boule de plumes, mais ces niverolles s'approchent vraiment tout près.  Il est même arrivé que l'une d'elles se perche sur une de mes spatules ! Par contre elle ne m'a pas laissé le temps de modifier les réglages en mode portrait (j'aurais aimé avoir le temps d'ouvrir un peu le diaphragme et d'augmenter la vitesse !) Bon, j'ai beaucoup recadré, et ça donne une jolie petite photo. Ensuite, le kilomètre de traversée sous le fil de la ligne de crête des Roches Franches, même avec la fatigue (j'ai ENCORE oublié de prendre à manger et à boire, OUUUUUHHH PAS BIEN !!!!), ça passe très vite et j'avance comme sur un nuage: clic à gauche sur le massif du Mt Blanc, clic devant sur l'enfilade des Aiguilles de la Pennaz, clic à droite sur le Beaufortain.

Arrivée au col: préparation des skis, je range les peaux dans le sac, je passe les chaussures en configuration descente, et GO ! La rive droite est vierge de traces, de la poudreuse jusqu'aux genoux sur un kilomètre de distance et 600 m de D- (à la louche). Une descente qui entre dans le top 10 de mes meilleurs souvenirs de ski (ou pas loin parce que si je devais vraiment compter ... il y en a quand même un "certain nombre" qui sont pas mal du tout !).

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