Parmi les vautours qui planent sur nos montagnes des Alpes, le plus imposant, celui qui présente la plus grande envergure, c'est le gypaète barbu. Sur la planète, seul le grand condor des Andes le détrône.
Dans la famille des pics, le plus grand, c'est le pic noir. Son cri résonne souvent dans nos forêts.
Le 25 février dernier, j'ai eu la chance de réussir des photos que je n'avais encore jamais pu réaliser:
Tout d'abord, un atterrissage puis un décolage de gypaète barbu, et donc aussi, un gypaète posé en falaise. Malheureusement, le décollage m'a surpris alors que j'étais positionné en cadrage vertical. En 10 ans de photographie animalière, il ne m'avait jamais été donné d'observer, et encore moins de photographier un gypaète posé au sommet d'une falaise. Très grosse émotion. Il est resté posé pendant 4 minutes. Une éternité !
Un peu plus tard, le même jour, un pic noir m'a cassé les oreilles pendant plus de 20 minutes. J'ai fini par le localiser, quelques mètres sous le sommet de ce qui me semble être un mélèze. Un cliché en quasi - contre-jour. Puis un deuxième individu est venu se poser dans un autre arbre un peu plus bas, et plus loin aussi, mais avec une calotte rouge bien visible, donc sans doute un mâle. Il ne s'est pas envolé; il n'a pas décollé; il a plongé en piqué ! Là encore, ce sont mes toutes premières photos de pic noir, en 10 ans, bien qu'il me soit parfois arrivé d'en voir d'assez près lors de mes séances d'entrainement ... encore pas plus tard qu'aujourd'hui !
Le lendemain, 26 février: là encore un coup de chance: il neigeotte. Voilà des années que je rêve de réussir des images de gypaète barbu sous une averse de neige. Je l'admets: c'était une toute petite averse, avec de minuscules flocons, on les distingue à peine. Il faudra essayer encore ! Gypaète photographié au travers de quelques branches qui forment un flou de premier plan autour du grand planeur, ça me plaît assez.
Le 4 mars: un festival:
le spectacle commence avec le passage, assez rapide bien que montant, d'un faucon pèlerin, qui n'est pas le plus grand de la famille des faucons, mais le plus rapide. Ont suivis: plusieurs gypaètes, dont un jeune (tête noire donc âgé de 3 ans au plus, je dirais plutôt 1 an au vu de la silhouette assez massive), et deux aigles. Malheureusement, ce jour là j'ai testé différents réglages d'autofocus, pas du tout concluants !! Quelques photos sont tout de même acceptables.
Dernière série: le 12 mars, en fin de perturbation "active": il a beaucoup plu et neigé et les jours précédents, avec une limite pluie-neige qui a beaucoup fluctué entre 1300 et 2000 m d'altitude. Ce matin le ciel est encore bouché et j'essuie quelques averses sur le chemin. J'ai bon espoir de photographier les oiseaux sur fond de nuages ou de brume, dans une belle ambiance grise, mi-sombre mi-lumineuse, c'est à dire contrastée et austère. Je patauge dans 15 cm de neige absolument imbibée, gorgée d'eau. Je m'installe et patiente. Quelques rafales amènent et poussent quelques bancs de brume. Aucun oiseau ne passe hormis deux aigles beaucoup trop éloignés pour une photo valable. Cependant, c'est ce jour là que je réussis les photos qui me plaisent le plus: les montagnes, plâtrées de neige fraîche, émergent des nuages, avec, encore, quelques branches devant l'objectif pour créer le flou de premier plan. Certaines parois peuvent évoquer les Dolomites, mais les Sallanchards reconnaitront "le Cervin des Aravis" ! De la neige, des nuages et du vent, c'est la recette de la montagne que j'aime.
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