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Apprentissages, progression, et Cromagnon.

Il n'y a pas d'âge pour apprendre:

J'ai débuté le trail en montagne à 49 ans, en capitalisant sur un vieux mais solide bagage de coureur sur route, du 10 km au semi-marathon. J'ai d'abord couru un 60 km, puis j'ai progressé doucement jusqu'à cet été ou j'ai pu finir un 100 bornes, à l'âge de 53 ans.
Par ailleurs, voilà plus de 20 ans que je promène mon matériel photo en montagne. Et je découvre actuellement la photo nocturne de la voûte céleste. Notre séjour en Haute Ubaye fut le prétexte à un "devoir de vacances" réalisé sur les berges des lacs d'altitude du Chambeyron, en totale improvisation. La copie fut très moyenne mais j'ai quand même mordu à l'hameçon. J'ai visionné quelques tutos sur internet et j'y suis retourné: lors de "La Nuit des Étoiles" j'ai passé une nouvelle nuit blanche, autour du lac d'Anterne. La nuit passée à courir pendant le trail du Queyras, et la nuit passée sous le Brec de Chambeyron m'ont un peu habitué et je digère maintenant sans trop de problème une nuit sans sommeil.

Bien sûr j'ai commis quelques erreurs:

J'avais en tête l'idée de mettre au premier plan de mes photos la "perte" des eaux du lac d'Anterne: à cet endroit le sol est calcaire et les eaux du lac s'engouffrent dans le sous-sol. C'est très impressionnant à regarder, mais très difficile à rendre en photo, encore plus dans le noir complet, même en pose de 20 secondes. Je voulais aussi photographier la résurgence, un petit kilomètre plus bas, mais je n'étais jamais allé la voir, et il faut reconnaître que c'est totalement décevant: un filet d'eau coule entre les rochers. Bref, j'ai beaucoup marché, et fait relativement peu de photos.

J'ai aussi été un peu surpris par la présence d'une vingtaine de tentes tout autour du lac, peut-être même trente ? En pleine réserve naturelle. J'ai essayé d'être le plus discret possible ! Le lendemain matin, seuls quelques campeurs ont respecté la règle qui veut que le campement soit démonté avant le lever du soleil. 

Bref, je n'ai pas de premier plan réellement percutant. Et le réglage de la sensibilité est un peu faiblard, j'ai été trop optimiste avec seulement 2500 iso pour des poses de 20 secondes.

Malgré tout, j'ai tout de même photographié (à nouveau) la "Grande Casserole". Et surtout j'ai réussi à faire apparaître un bout de la Voie Lactée au-dessus des Fiz (on reconnait l'entaille du couloir de la mitraille). Et grâce à l'application Stellarium sur le téléphone et à la carte du ciel sur l'ordi, j'ai pu identifier (sous réserve d'erreur de débutant) deux étoiles plus brillantes que les autres: Véga (constellation de la Lyre) à droite dans le cercle orange, et Altaïr (constellation de l'Aigle) à gauche dans le cercle vert. Sur les deux images, la pollution lumineuse est hélas bien présente, due aux lumières de Sixt Fer à Cheval et Samoëns sur la première, et à celles de Passy - Sallanches sur la deuxième. J'ai jeté un coup d'œil aux cartes de la pollution lumineuse et j'en conclus qu'en Haute Savoie il va être compliqué de l'éviter.

Je possède maintenant les outils qui me permettent de repérer la Voie Lactée dans le ciel nocturne (et même de prévoir sa position à une date et une heure donnée, ce qui me donne des idées), et je commence aussi à améliorer ma technique de "développement" de ces photos qui nécessitent un traitement informatique un peu particulier pour exprimer tout leur potentiel. Je retournerai au lac d'Anterne, pendant les nuits d'automne, car je pense avoir une marge de progression certaine.

Je suis aussi maintenant en mesure de savoir dans quelle direction je dois viser pour photographier les "pluies" d'étoiles filantes. Pendant cette nuit du 12 au 13 août, il y avait un pic d'activité dans l'essaim des Perséides, chiffré à 75 étoiles filantes par heure. Mais pour avoir une chance de faire une vraie belle image avec plusieurs étoiles filantes, il faut prendre des dizaines de photos pendant toute la nuit ! Prochaine date intéressante: le 15 décembre à 00h45 avec l'essaim des Géminides, chiffré à 117 météores par heure. La lune ne sera qu'à 5,4 %. Croisons les doigts pour que le ciel soit bien dégagé cette nuit là.

L'an dernier à la même époque, je découvrais une falaise qui sert de terrain de chasse au tichodrome échelette. Bien sûr j'y suis retourné, récemment. Deux fois. Chaque fois en essayant de m'asseoir un peu plus près de cette fameuse falaise, car les images de l'an dernier étaient un peu trop lointaines. Si bien que la seconde fois, j'ai pu aller m'asseoir au bout d'une toute petite vire à bouquetins. J'avais eu le temps de bien l'observer la fois précédente, et de l'apprivoiser mentalement: à force de passer du temps à cet endroit où il ne faut pas glisser, j'ai fini par m'y sentir assez à l'aise pour m'aventurer sur cette petite vire (toujours encordé bien sûr).  Malheureusement, cette fois là, le tichodrome n'est venu qu'à partir de 13h, et la lumière était beaucoup trop dure, les transitions entre ombre et lumière beaucoup trop marquées et contrastées, et les photos ne sont pas aussi belles qu'elles auraient pu l'être, un peu décevantes. Et le cheminement retour sur cette vire à bouquetins fut un peu plus compliqué que l'aller.
Suis-je tout de même content de ces photos "perfectibles" ? oui bien sûr car une ou deux d'entre elles me plaisent assez.

Suis-je satisfait ? Pas complètement. Et donc je vais y retourner, "jamais deux sans trois". Je n'irai pas tout au bout de la vire car le retour en rampant (pour passer sous un rocher déversant) sur la vire de 60 cm de large est tout de même un peu trop engagé. Donc je perdrai 3 ou 4 m de distance, mais si le tichodrome veut bien se positionner aux endroits où je l'ai déjà vu, et si je suis suffisamment rapide, alors le résultat devrait être pas trop mal. Avec les animaux sauvages, il faut apprendre à "fatiguer la chance".

1ère séance au tichodrome: 15 août 2023

Sur deux photos d'action vous le verrez s'élancer sur un assez gros insecte, puis ouvrir le bec en grand pour gober ... peut-être une grosse mouche.

2ème séance: le 20 août 2023.

Plus grande proximité, mais soleil trop agressif (13h au mois d'août, le soleil est trop haut).

Encore quelques mots concernant l'ultra-trail en montagne (hé oui, c'est une expérience qui reste à trotter dans la tête, on n'en sort pas complètement indemne, même sur le plan psychique).
Donc à propos de ce loisir qui consiste à trotter en montagne pendant un temps que les gens sains d'esprit jugent très déraisonnable, on entend souvent dire qu'il faut "débrancher le cerveau".

Je dirais "oui et non". C'est inexact et incomplet et j'aimerais apporter une petite précision:

Selon moi, le cerveau qu'il faut "débrancher" c'est le cerveau "de Sapiens", celui qui regarde la montre, qui COMPTE, les heures et les kilomètres, qui pèse et soupèse les probabilités, qui réfléchit et qui nous dit qu'on n'y arrivera jamais parce que les probabilités sont contre nous, et que la seule issue est l'abandon. Accessoirement c'est aussi le cerveau qu'on utilise tous les jours en permanence et auquel il est bien difficile d'échapper. La vie moderne nous enferme et nous retient captifs dans une course dirigée par le seul cerveau de Sapiens.

L'ultra est une AUTRE course, une course pendant laquelle on peut dire à Sapiens "cause toujours". Et c'est ce bon vieux Néandertal qu'on retrouve avec joie: Néandertal qui nous dit: "ralentis, marche et mange, marche et bois, mets ta veste, maintenant trottine et cours", et surtout "N'écoute pas cet abruti de Sapiens qui veut te stopper sans raison valable juste parce que tu vas avoir 30 minutes de retard sur ton plan et parce qu'il pense que tu serais mieux dans un fauteuil ou un canapé devant un écran, ou dans une voiture".

 

Il ne s'agit donc nullement de débrancher le cerveau. Il s'agit juste, pendant une parenthèse de 24 heures,  d'échapper à une forme d'intelligence devenue tyrannique pour retrouver un très vieux pote reptilien, compagnon de chasses et de migrations. Et c'est exactement ce vieux pote que je retrouve AUSSI pendant mes affûts photos. Même si c'est Sapiens qui me permet ensuite de peaufiner et diffuser ces photos, et aussi ... d'écrire ce texte. Avant de retourner courir, peut-être; de retourner en montagne, certainement, toujours.

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Commentaires: 1
  • #1

    OJJ (mardi, 29 août 2023 20:48)

    Top classe ta grande casserole ! Et on retrouve bien l'Etoile Polaire plus haut, bien brillante, à une longueur exactement de 5 fois la hauteur de la casserole ...

Je ne suis pas un photographe professionnel. J'ai un métier que j'exerce à temps complet. Je suis simplement un "photographe randonneur" passionné de montagne et de nature, la photographie est un loisir que je pratique pendant mon temps libre, en pur amateur. Photographier des animaux sauvages exige de passer beaucoup de temps sur le terrain.

 

Néanmoins je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et à vos demandes aussi rapidement que je le pourrai. N'hésitez pas à me contacter:

 

lemonde.denhaut@mail.fr

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